Alpinisme: les toilettes en haute montagne
Pour ce nouvel épisode de la Chronique sans carbone, votre agent naturiste de service infiltre un refuge de haute montagne, avec l’intention flagrante de foutre la merde. En effet, les toilettes en altitude, c’est la question qui pue. Je mets donc allègrement les pieds droit et gauche dans ce plat nauséabond.
Un refuge haut perché (Fredi Meignan)
Le refuge du Promontoire, 3 092 m, lieu mythique pour les alpinistes chevronnés, est ancré depuis 1901 sur les parois vertigineuses de la Meije, dont le pic central culmine à 3983 mètres.
Le bâtiment met à profit un piton rocheux à l’abri des avalanches, ce qui en fait une sorte de nid d’aigle extrêmement impressionnant pour le néophyte. L’endroit, situé en plein cœur du parc national des Ecrins, offre une vue ahurissante sur une mer de sommets au dessus de 3 500 m. Difficile de décrire un tel choc esthétique : allez-y vous-même (en bus, comme conseillé lors du précédent épisode) pour voir de quoi je parle, ou regardez cette vidéo somptueuse, magnifique, mirifique.
Promontoire par rue89
D’abord modeste cabane en bois, le Promontoire a été totalement reconstruit en 1965 par le Club alpin français, dont il dépend encore actuellement, pour devenir ce bunker métallisé qu’il est aujourd’hui. Il peut accueillir une trentaine de personnes dans des dortoirs rustiques.
Il répond aux normes en vigueur au moment où les babas cool se préparaient à déferler sur la France, et n’est donc pas un canon de la doxa écolo du troisième millénaire.
Les panneaux solaires fonctionnent à bloc du fait de l’exposition plein sud, mais il ne s’agit en fait que d’alimenter des lampes à LED, la VHF et le téléphone satellite. Il n’y a pas de frigo : inutile, la cave étant au contact du permafrost, le refroidissement des aliments est naturel. Pas non plus de machine à laver la vaisselle, ni de lave-linge, ni de télévision, etc. Malgré cette sobriété, le refuge produit largement moins d’énergie qu’il n’en consomme.
La laine de verre y est présente en quantité relative : c’est assez mal isolé. La chaleur des fourneaux et celle que dégagent les humains s’échappent inexorablement vers l’extérieur.
Au printemps, il n’est pas rare que la température à l’intérieur descende sous les -5°C. Dans ces conditions, la soupe chauffée au gaz peut prendre un certain temps avant de bouillonner dans la marmite.