Alpinisme en Normandie
A travers ses falaises, ses récifs et ses rocs, la Normandie donne le vertige… et attire les alpinistes.Le silence est roi. Seul le cri d’un rapace, majestueux, vient se briser contre les parois abruptes. Le pouls est régulier et les prises assurées. Cet alpiniste, qui se déplace avec souplesse et légèreté, n’est pourtant pas à l’assaut des Alpes.
Il est en Normandie, dans le Massif amoricain, à plusieurs mètres du sol. Si le “Mois de la montagne”, organisé à Caen jusqu’au 18 février, peut paraître insolite, c’est sans doute oublier qu’en matière d’escalade, la Suisse normande n’a pas à rougir.
Des terrains variés en Normandie
“Les falaises de Flamanville (schiste), les voies de Mortain (granite), la Dalle des Parisiens de Clécy-sur-Orne (pudding), la Fosse Arthour de Saint-Georges-de- Rouelley (granite), le rocher de Saint-Clair-de-Halouze (grès) ou encore la Brèche au Diable de Saumont Saint-Quentin (calcaire), tous ces lieux offrent un véritable terrain de jeu et une variété de roches”, explique Jean-Pierre Picquenot, du Club Alpin Français de Caen.
Ainsi, quel que soit son niveau, chacun y trouvera son compte. “La Dalle des Parisiens est par exemple un endroit très apprécié des novices. C’est un caillou très spécial. Il comporte de petites rugosités, les prises sont plus évidentes et la voie plus facile à escalader”, précise l’alpiniste, “alors que certains calcaires érosifs vous brûlent les doigts.
Les falaises de schiste, elles, sont plus rudes et les récifs en granite sont lisses comme du marbre.” “L’escalade est un sport qui demande une très grande maîtrise de soi”, poursuit Jean-Pierre Picquenot. “Il faut garder son sang-froid et avant tout utiliser sa tête. De mauvais choix, de mauvaises prises, peuvent rapidement vous mettre en difficulté et augmenter votre stress. Il faut également beaucoup de souplesse. Ensuite, vos jambes vont vous aider et, accessoirement, vos bras, contrairement à ce qu’on pense…”
“C’est un sport à risque, mais les risques sont finalement limités. Une sélection naturelle se fait devant les contraintes physiques du relief. Seuls les alpinistes les plus aguerris s’aventurent vers des monts plus périlleux. Bien sûr, il y a des chutes, lorsqu’on évalue mal ses aptitudes ou lorsqu’on repousse ses limites, mais si on est bien assuré, la chute reste maîtrisée.” La montagne impose donc ses limites physiques et mentales.