Accident en montagne: les causes
L’afflux de randonneurs souvent dilettantes est à l’origine de nombreux accidents. Les spécialistes sont formels.Quatre morts en montagne en Valais depuis le début du mois de juillet. Une cordée de six personnes emportée en France. Alpinistes expérimentés ou amateurs, ils sont victimes d’accidents divers: chutes de pierres, crevasses, ou glissades. Caractéristique commune à ces événements: les randonneurs et alpinistes ne sont que rarement accompagnés d’un professionnel.
« L’engouement des gens pour la montagne ne doit pas faire oublier le danger permanent », souligne Pierre Mathey, président de l’Association valaisanne des guides de montagne. A la veille du week-end annonçant le début des grandes courses estivales de haute montagne, l’avertissement tombe à point nommé.
Des conditions particulières
Les températures très élevées de la fin du printemps ont eu un effet néfaste sur les conditions de juillet. « Ce n’est pas comparable avec 2003 mais la fonte des glaces ayant commencé plus tôt, il faut vraiment se méfier des roches qui peuvent se décrocher des parois », avise Pierre Mathey. Constat partagé par Jean-Pierre Deslarzes, responsable médical de l’Organisation cantonale valaisanne des secours (OCVS): « De manière générale lorsque les fortes chaleurs interviennent tôt dans l’année, les chutes dans les crevasses sont plus fréquentes car les ponts de neige instables peuvent céder. »
Le danger est ailleurs
En montagne, le risque le plus élevé n’est pas forcément là où on l’attend. « Les appels au secours que nous recevons au 144 ne concernent que très rarement des alpinistes dans une face nord », ajoute Jean-Pierre Deslarzes. Et de continuer: « Très souvent, c’est un faux pas le long d’un chemin balisé ou une mauvaise glissade sur un névé. Des accidents qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. » La très forte démocratisation du milieu de la montagne ajoute un paradoxe; elle séduit et elle inquiète.
Au-delà de l’engouement populaire, c’est le manque de connaissance, l’équipement inadapté, et la confiance aveugle dans certaines technologies qui inquiètent. « Tout instrument de type GPS ne doit être utilisé que comme une aide à la progression. D’abord, on observe, on reconnaît, on se demande si l’on est juste. D’autant plus que les tracés inscrits sur GPS ne sont pas forcément ceux de la réalité du terrain », avertit Pierre Mathey. Tout comme la trace faite le lundi sur un glacier n’est pas toujours la même que celle du jeudi.
L’indispensable guide
Plus qu’une source directe d’accidents, la méconnaissance du terrain, la mauvaise évaluation des distances à parcourir conduit à des égarements. Un phénomène toujours plus important que remarque Jean-Pierre Deslarzes. « Souvent, les gens connaissent mal leurs limites et s’engagent dans de longues courses, parfois même avec des enfants. Après épuisement, ils s’arrêtent. » S’ils le peuvent, ils appellent les secours.
Et de mettre en garde: « Le principal problème c’est la difficulté de localiser les gens qui se sont perdus, car eux-mêmes ne savent pas où ils se trouvent. » La cause est en fait assez évidente. Par beau temps, la montagne rassure, faussement, mais lorsque les conditions changent, apparaissent les problèmes pour les non-initiés.