A quoi sert la la couverture de survie ?
Qu’est-ce qui fait l’efficacité des couvertures de survie, qui mesurent pourtant moins d’un millimètre d’épaisseur ? Retour sur l’histoire d’un matériau originellement conçu… pour l’espace ! »Pourquoi les pompiers nous recouvrent-ils, lors d’une intervention de secours, d’une couverture de survie qui mesure moins d’un millimètre ? Comment fonctionne-t-elle ? », nous demande Jerem Gabo sur la page Facebook de Sciences et Avenir. Chaque semaine, nous sélectionnons une question que vous vous posez, et y apportons une réponse. Merci pour votre insatiable curiosité. Place à l’étonnante histoire de la couverture de survie, un matériau à l’origine développée par la Nasa… pour ses équipements spatiaux !
La couverture de survie développée par la Nasa dès 1964
Ce matériau est en fait formé d’une très fine couche de plastique (le plus souvent du polytéréphtalate d’éthylène, abrégé « PET »), ensuite recouvert sur ses deux faces par un revêtement métallique, à l’origine de l’aluminium. L’intérêt : le revêtement métallique réfléchit à 90% le rayonnement infrarouge pour limiter un refroidissement ou à l’inverse un échauffement. Pourquoi bloquer les infrarouges pour éviter les déperditions thermiques ? Rappelons que les objets chauds émettent spontanément du rayonnement, principalement dans le domaine des infrarouges. Cela a été théorisé par plusieurs lois physiques, dites du « corps noir ». Le rayonnement n’est toutefois qu’un des trois modes de transfert thermique, avec la conduction à travers le matériau (l’intérêt du PET étant sa faible conductivité thermique), et la convection, liée aux mouvements d’air.
TRANSFERT TECHNOLOGIQUE. Mais cet ingénieux matériau a au départ été conçu… pour l’espace ! En anglais, on les appelle d’ailleurs aussi « space blankets ». Dès 1964, l’Agence spatiale américaine (Nasa) planche en effet sur l’isolation des satellites, navettes, ou même combinaisons spatiales, qui doivent être protégées de la lumière du soleil pour éviter la surchauffe, délétère non seulement pour les cosmonautes, mais aussi pour les instruments. La problématique s’est à l’origine posée pour la première station américaine Skylab (depuis désorbitée), qui surchauffait régulièrement à plus de 54°C. Depuis, le matériau a été utilisé sur quasiment toutes les missions spatiales américaines, d’Apollo au télescope James Webb. Mais un jour, un ancien employé de la société sous-traitant sa fabrication pour l’agence américaine a eu l’idée de l’utiliser… en fin de marathon, afin d’éviter l’hypothermie ! La Nasa relate cette longue histoire sur son site web (an anglais).
Deux faces métallisées distinctes pour lutter contre le chaud et le froid
Progressivement, l’usage de ces « couvertures », dites « isothermes » puisqu’elles permettent le maintien du corps à la température de 37°C, s’est étendu à l’armée américaine, aux hôpitaux afin de prévenir l’hypothermie avant ou après une opération, et finalement au secours aux personnes. Aujourd’hui, le principe a même été décliné pour certains sacs de couchage et vêtements techniques. L’épaisseur du matériau varie selon ses usages : quelques centaines de microns pour les applications spatiales, mais à peine plus d’un micron pour une couverture de survie médicale, selon cette fiche technique.
DOUBLE-FACE. Les couvertures de survie actuelles sont revêtues de deux faces métallisées distinctes, respectivement dorée et argentée. Elles répondent à deux fonctions distinctes : le côté argenté, initialement développé par la Nasa, réfléchit 90% du rayonnement infrarouge, tandis que le côté doré absorbe 50% de la chaleur incidente. De ce fait, si on positionne la face dorée vers l’extérieur, on protège la personne de l’humidité et du froid, en retenant sa chaleur corporelle. Si à l’inverse, on la place côté intérieur, on le protège du coup de chaud. Le PET joue de plus le rôle de pare-vapeur, en isolant de l’humidité ambiante, ou à l’inverse en évitant la déshydratation.
Miraculeux puisqu’il permet de sauver des vies, cet étonnant produit doit toutefois être manipulé avec précautions : facilement inflammable, il ne doit jamais être utilisé à l’extérieur en cas d’orage ou près de matières incandescentes… et surtout, il ne faut jamais recouvrir la tête de la victime ou du malade avec, afin de ne pas lui faire risquer un étouffement. Une bonne raison, donc, de laisser faire les pompiers !
Source: sciencesetavenir