A 60 ans, il veut gravir 60 sommets
Natif des Hautes-Pyrénées, Jean Binder est un fou de montagne. À 60 ans, il décide de rendre hommage à ses Pyrénées chéries en relevant un formidable défi : gravir, avec ou sans compagnons de cordée, 60 de leurs plus hauts sommets.
Tous les souvenirs d’enfant de Jean Binder sont liés aux Pyrénées. Avec son grand-père, son père, ses chefs scouts ou des groupes de randonneurs, il les a arpentées inlassablement. Aujourd’hui, il relève un défi : en gravir autant de sommets qu’il a récemment soufflé de bougies. Rencontre.
D’où vient votre amour de la montagne ?
Elle fait tout simplement partie de ma vie. Enfant, j’allais souvent au lac de Loule, dans les Hautes-Pyrénées, avec mon grand-père. Pendant qu’il s’installait pour peindre, j’allais découvrir les beautés alentour. J’allais aussi à Gavarnie avec mon père, et en camp de louveteau à Estaing ou à la grange de Cauterets. Là, je découvre la haute montagne, les techniques de rappel en « S » de grimpe en rocher, les nuits en refuge… Il y aussi un stage dans le massif des Spijeoles et, bien sûr, les livres de Roger Frison-Roche et de Rebuffat…
Quand êtes-vous passé aux « choses sérieuses » ?
D’abord, je me suis marié et j’ai eu des enfants ! Forcément on coupe un peu… Quand Nathalie a eu 8 ans, je suis retourné dans les Pyrénées et, après un peu d’entraînement, j’emmène toute la famille au sommet du Vignemale… Et je continue à enchaîner les séjours, plus ou moins longs, plus ou moins difficiles, en montagne, été comme hiver… Je fais l’arête du Râteau, les Agneaux, le Dôme de neige des Écrins. En 1993 j’effectue un stage d’initiateur escalade, puis d’initiateur alpinisme : je vais pouvoir réaliser un rêve ancré tout au fond de moi : emmener des gens, jeunes ou pas, en montagne, devenir guide. Je n’en ai certes pas le titre mais c’est pour moi une grande fierté de pouvoir faire partager maintenant cette passion avec des plus jeunes. Je me lance dans l’aventure de la création d’un club : le Club Alpin du Bessillon. Et depuis 1998, je me consacre à l’initiation à l’escalade et à la pratique de l’alpinisme pour les jeunes. J’ai ainsi parcouru avec eux les Alpes, la Cordillère Blanche, le Haut Atlas marocain et un peu des Pyrénées.
Et donc, nous arrivons à vos soixante ans…
J’avais envie de faire quelque chose pour moi, de revenir à mes premières amours et je me suis donc lancé ce défi : parcourir 60 des plus hauts sommets des Pyrénées. J’ai quelques compagnons de cordée qui me rejoignent sur certaines étapes : ma fille Delphine, sur les premières courses, David, un ami du Club, pour la partie Massif de la Maladetta et Aneto et Célia, ma nièce de Toulouse, pour le tour des arêtes du Vignemale.
Quels autres sommets allez-vous encore parcourir ?
Je suis parti lundi 6 juin de Lartigues, dans l’Ariège. J’ai déjà fait le Montcalm, le Pico de Alba et le Punto Delmas. Je parcourrai bientôt le Pico Sayo, le Pic Cordier, l’Abadias (à 3 279 mètres), les Pics des Gourgs Blancs et Gourdon et bien d’autres encore… J’aurai fini, je pense, ce voyage aux alentours du 16 juillet, pour une grande fête familiale au refuge des Oulettes, aux Cauterets…
PROPOS RECUEILLIS PAR YVES GABAY